Sur le mur bêta
le 01/01/2010 à 21h 33min 01s
Bonjour à tous,
Je cherche des lecteurs/ testeurs pour faire l’expérience du texte numérique dont vous trouverez le lien ci-dessous.
Il s’agit du résultat d’une petite interrogation sur la question du sens et de la distance :
Il est parfois difficile de saisir quoi que ce soit quand on est trop attaché à un objet, dans ces moments il est nécessaire de prendre de la distance. Quel est le poids, le prix de cet écart ? jusqu’où peut-on aller dans le renoncement sans pour autant perdre de vue l’objet de nos désirs ?
Je me permets ici de solliciter votre avis concernant cette petite histoire interactive très courte dont le code a été entièrement « réalisé à la main » en XHTML/CSS/JS et JQuerry et ce, aussi bien sur le plan technique que sur ce dont il vous plaira de me parler.
Merci d’avance
Gaotian
Sur le mur Bêta
Plastique pratique
le 30/12/2009 à 00h 57min 05s
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garde juste derrière toi
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Nue
Ajax et Ajax
le 28/12/2009 à 05h 47min 45s
Dans la mythologie grecque, Ajax fils de Télamon ne reçoit l’aide d’aucun dieu pour gagner ses combats.
En informatique, Ajax désigne une technique de code extrêmement puissante et pratique. Néanmoins Ajax n’est pas un langage informatique à proprement parler, juste une combinaison inédite de différents langages web et d’un objet (l’xmlhttprequest disons pour faire simple).
Je me penche sur cette technique depuis quelques temps maintenant, et même si j’en reste encore au stade de noob, je n’arrive pas à m’empêcher de digresser mentalement sur le (voire les) héros grec(s) Ajax.
(En fait, c’est peut-être pour ça que je n’arrive pas à avancer plus vite.)
Ajax, qu’est-ce qu’Ajax ? C’est un centre, le juste milieu de la tempérance. Proche des dieux, mais n’ayant pas de liens de parenté avec eux, près des hommes, profondément humain (contrairement à Ulysse dont la pensée égale celle de Zeus ou à Achille, l’invincible fils de Thétis) mais pourtant, en même temps si singulier parmi eux.
Cette distance ou plutôt ces distances, aussi étrange que ça puisse paraître, se traduisent avec la technique Ajax par la difficulté à cerner sa nature : à la fois très proche du langage PHP, comment ne pas trouver qu’elle correspond bien plus à Javascript à certains autres moments ?
Ajax ne pénètre pas, ne perfore pas, ne laisse pas de marque, de cicatrice. Ajax glisse, passe rapidement.
Autant Ajax correspond à la technique du « get » c'est-à-dire de la page ou de l’élément de page qui se rafraichit sans que l’on ait besoin de le poster, sans qu’il y ait vraiment acte de réactualisation (cet irréversible qu’on peut pourtant si bien retourner avec la fonction précédente de notre navigateur), autant, avec l’Ajax héros, et je me contenterai de parler ici uniquement du grand (le fils de Télamon), j’ai l’impression, de me trouver face à un homme qui, parce qu’il est tout simplement bon, s’affirme dans la discrétion efficace des bienfaits accomplis.
Loin des remous romantiques, et des crises d’hystéries héroïques, Ajax a la rondeur de l’action qu’il fallait mené et qui l’a bien été.
Je ne sais pas si je reviendrai ou non sur cette histoire des deux Ajax, mais je dois dire que cette allusion de l’informatique à la littérature (d’ailleurs je ne sais pas elle est de qui ?) me séduit beaucoup (et ce dans le sens littérale du terme, c'est-à-dire me détourne du droit chemin), en tout cas, je me suis mis à (re)lire l’Iliade.
Le web, c’est vraiment toute une épopée.
Sacs p(l)ubelles
le 01/01/1970 à 01h 00min 00s
Les genoux habillés par des sacs poubelles noirs la pluie passe à travers de petits trous s’ils ne sont pas je hêle là un taxi noire nuit parsemé des oublis de l’alcool je glisse sur le trottoir je sens dans la paume de la mienne sa main douce elle est froide je l’ai rencontré à un carrefour elle attendait de me livrer une caresse froide j’ai reçu son cœur mouillée dans le ventre ce n’est pas du tout d’être charmant sa robe rouge et son parfum il faut que l’autre aussi j’ai trop regardé sa poitrine je trouve sa robe noire dans le même taxi jolie je l’ai raccompagné sur la banquête arrière sans parapluie quand la porte claque ne m’embrasse pas la lumière des yeux près du lampadaire s’est éteinte alors je me suis re- comme hier –trouvé seul dans la nuit
Le sommeil de la lune
le 01/01/1970 à 01h 33min 29s
L’homme sort son sabre s’avance, la foule d’ennemis s’approche, prête à le dévorer. Mais la succession des frappes de l’homme, leur précision écroule la masse devenue sanguinolente. Ce n’est plus eux qui l’attaquent mais c’est lui désormais qui pénètre ce corps chimérique. Tourbillon noir.
Les bras volent, les lames creusent les avants-bras, les gestes d’une efficacité parfaite sifflent, il faut attendre plusieurs secondes parfois avant que le sang ne gicle, les cheveux, les bouts d’oreille et de visage explosent partout autour du guerrier aux deux sabres. Noyau immaculé tout de blanc vêtu.
Coupes latérales, droites, appuyés, transversales inversées, transversales remontantes au dernier moment infléchie, les dents pleuvent, des cascades de crachats, de sueur mêlées à l’hémoglobine. Le visé juste, la lame dans l’embrasure du corps-sabre, désarmement, les deux poignets de celui-ci s’élèvent à contre temps de la tête de cet autre-là.
Le son plat des membres se mêlent aux cris d’agonie. Le tranchant des sabres sans garde saigne en s’enfonçant dans les chaires. Mais à chaque fois qu’une goutte menace de toucher la main de l’épéiste, un mouvement de poignée soudain éloigne le liquide en même temps qu’il amène l’acier au contact d’un os, d’un muscle, d’un ongle.
Dans ce combat absurde, aucune expression ne dote les figures des combattants, les écharpes noires qui masquent le bas de leur visage effacent les contours. L’homme ne sait bientôt plus contre combien d’ennemis il se bat. Tous de la même taille.
Son avancée dans la masse ne mène que vers d’autres murs mouvants, peu importe la qualité de la coupe, rien ne perce l’ombre du corps. Le sabreur prisonnier à l’intérieur même de la gueule de son ennemi dans la course ininterrompue des morts données perd le contour de sa réalité : lutte-il vraiment à l’intérieur du monstre ou bien n’est-ce pas le monstre qui en fait se démène et s’ébroue à l’intérieur de lui ?
Incapable de savoir s’il a gardé les yeux ouverts ou fermés, l’homme ne ressent aucune gêne quand le sang accroche son visage. A travers les fils fins des cheveux, les sourcils épais, le liquide chemine. Savoure la proximité avec la peau de son libérateur, se joue de sa douceur, un temps contourne la commissure des lèvres, les baise et se glisse dans la bouche.
Le goût de la mort.
Plus loin, plus intense dans l’écartement, il ne s’agit plus désormais d’attirer mais bel et bien d’aspirer : les vêtements un instant plus tôt d’une blancheur encore intacte se tâchent à présent de différentes variantes de rouges plus sinistres les unes que les autres : toile recueillant les derniers instants de l’ennemi, la tunique de l’homme s’alourdit, le poids de la trace n’atténue pas la vitesse des coups, mais leur donne plus de force, d’impact, l’entrée toujours plus profonde de la lame dans la peau aspire les cadavres dans l’uniforme mortuaire.
Mais la pureté des coupes est un filet jeté sur le temps dont la persistance des cris d’agonie finit par venir à bout.
Sous les doux rayons de la lune pâle, personne ne surprend l’unique larme du guerrier juste avant son dernier plongeon.
Comment interpréter cette soudaine immobilisation des deux sabres meurtriers si avide quelques instants plus tôt encore de la chaleur des autres ?
Pourquoi ce besoin si soudain de se rapprocher du corps de leur maître en inclinant aussi humblement la tête ? Où donc leur fierté de tout à l’heure ?
Libéré de l’étreinte du sabreur, choqué par le commun de la scène, les hommes se reculent, très vite se diluent finissant par disparaître.
Ultime alchimie, le mélange sanguin avec l’hivernale fraîcheur.
A l’espoir du printemps répond la fin de la coulée. Le vent plie un premier genou, un nuage ôte le brûlant de l’éclat du regard.
L’homme s’effondre dans le silence imposé par la neige juste avant que la nuit cède ses droits à la ténèbre et l’oubli.
Les sabres, pour de bon, s’endorment.