Contraints, que ça ne tienne pas complètement, déséquilibre pendu à un fil, il faudrait juste pouvoir s’agiter. Qu’on remue, qu’on s’efforce de tenir contre. Même si l’impossible. Même si toute l’angoisse.
Au delà du « pourquoi après tout », le sens, comme si les questions coulaient, ou se contaminaient, les énormes barils pleins de toutes les courses oubliées qu’écrasent les dernières traces de courage. Des lignes, les rangées d’ouvrages brûlés, des escaliers qui ne conduisent à aucun étage : tu t’arrangeras bien pour s’engouffrer. Juste qu’il faudrait une raison, qu’il y ait au fond une justification, la réalisation précise du commis, que ça se produise simplement.
Sais-tu faire face au problème ? Capable de surmonter ce qui est devenu un mur immense, tout le laisser de côté, les recoins sombres et sales dans lesquels tu n’aimes pas beaucoup te perdre. Y jeter de longs éclairs ? Une clarté redoutable ? On ne sait plus vraiment ce qu’on peut encore croire. Face à de telles controverses, les longs discours s’épuisent mais ne remplissent plus rien. Il n’y plus que le grand vide. Et personne qui trouve les mots pour le combler.
Des maisons renversées, les tours à moitié dévorées par la mousse, les branches qui se dandinent pendant que les mauvaises herbes s’agrippent à la terre noire, les myriades d’insectes grouillant, armée invisible,…difficile d’imaginer ce même paysage sous le feu.
Tous sont conscients que l’ombre de la mort plane un peu partout. Que personne n’en sortira. Prêt pour l’étouffement.
Si bien que ça en devient comique, on voit déjà les premiers sourires poindre sur les visages, et l’éclat dans les yeux est très étrange : celui qui sait pas ne pourrait que difficilement comprendre.
Comment deviner toute le macabre de la préparation. Les serviettes laissées devant les fenêtres, l’homme qui fume sa cigarette sur le balcon, l’écrase et la jette du bout du pied.
C’est encore tellement vivant. C’est alors qu’on commence à entendre les sirènes. Ça s’infiltre et ça pénètre en nous, comme le sentiment que procure une couleur.
Mais très fort : ça nous assaille jusqu’à nous avaler et on se perd, se fond en ce qu’il y a de plus nous en nous. La résistance vaine, ça se passe systématiquement et partout. Tout s’efface, disparaît.
Sans un cri. Dans le grand calme plat. La nuit s’écroule. La ville disparaît. Le joli hameau près du lac chante sous la lune et les derniers baigneurs saluent les eaux sombres.
L’évanouissement, triste, réclame un dernier baiser à la profondeur de la nuit. S’éteint. Quelques oiseaux se manifestent. Et c’est tout.