Le cadavre sur le dos

le 14/06/2011 à 01h 38min 12s
Un cadavre sur le dos

En deux mots, à la fin, la sinistre demande, l’oseras-tu ? C’est qu’on se lécherait les doigts pour éviter de se perdre. Qui voudrait le finir ? L’absurde. Et des reprises, avec aucune absence.
Je lâcherai les armes. Je ne me retournerai pas si tu me le demandes. Tu peux m’interpeler, me vendre ou me pourrir, mais je tiendrais.
Croire ? Tu lèves encore tes yeux et je sens quelque chose comme un frisson, tu voudrais le savoir, tu aimerais sentir, pourtant quand je caresse ta peau, c’est froid.
Ton regard vide, le souffle. Glacée. Tu as compris avant tout le monde la vapeur. Plutôt que de jouer, je suis d’accord pour te porter. Que tu m’aides à dépasser les reflets, la cisaille, chavire un peu de ma chaire et je t’en remercierais que malgré ton corps je tienne. Mais ma faiblesse m’englue et je suis une limace prise dans son propre sillon.
C’est bizarre, mais même quand je désespère, il y a quelque chose qui m’empêche de te trahir ou de t’abandonner, tu pèses considérablement, mais ça tient.
On s’en amusera un jour quand nous aurons les yeux crevés, mais je sens la douleur dans le dos, les rotules qui lâchent. Si je tombe, tu feras un détour pour ne pas me marcher dessus, dis, toi, tu ne me piétineras pas ?
J’en ai peur parfois, alors je m’enfonce dans des angoisses troubles. Je veux tenir un petit plus mais je tremble trop. La terreur. Redoutable. Me barbarise. J’en perds tout contrôle jusqu’à l’écume de ma bouche. Et ça fait les cauchemars, la nuit sans fond, et c’est toujours les visages qui fondent, la vision qui se trouble. La lumière insatisfaisante, jaunâtre qui n’éclaire plus, noire.
Tremble puis git mollement à même la terre. Je suis si pâle que je ne vois plus rien. J’ai toujours eu peur de l’ombre et c’est maintenant l’absence, blanche, de lumière qui m’enterre.
J’aimerai m’échapper, mais la porte du cercueil, désespérément, reste fermée.


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