Entre les failles

le 10/01/2010 à 03h 47min 32s
En ce moment se joue à Beaubourg un florilège de productions cinématographiques malaisiennes et singapouriennes.

A cette occasion, j’ai pu découvrir un réalisateur que je trouve réellement exceptionnel. Son nom ? Eric Khoo.
C’est encore frais, je n’ai regardé pour l’instant que deux de ses films, mais je tiens cependant à glisser quelques mots, très rapidement, à leur sujet car ils m’ont fait grand effet.

Les deux films vus sont Be With Me et Mee Pok Man (je n'ai pas testé le lien pour Mee Pok Man).


Be With Me


Ce qui se joue ici, ce sont, je crois, ces moments où l’amour « rate ».
Une image de la toute fin de Mee Pok Man illustre très bien cette idée : deux voies d’autoroutes, aériennes, vues depuis le sol, sont collées l’une à l’autre pendant plusieurs mètres avant que celle de droite ne se détourne. Le détournement est en premier plan, la partie la plus visible et qui dans mon souvenir en tout cas, occupe le plus de place.
Car il s’agit bien de parler d’écart. De s’attarder sur le vide généré par la séparation, par l’échec de l’ « assemblage » (un assemblage que tout prédestinait pourtant à l’accomplissement) de se demander comment dans ce creux, les tensions s’organisent. Comment s’y déploient les solitudes. Comment s’affirment les individualités. Bref de raconter, dans le regret de ce qui aurait pu être gai, un peu de quelques personnages, de les presser dans l’étau du malheur pour en faire sortir le jus, la substance profonde, de percer la coque des conventions pour grâce au piquant de l’échec pour voir le coeur.
Creuser.
Un trou qui est aussi celui par lequel s’échappe le bonheur : les personnages de Khoo sont toujours cernés par la tristesse et c’est en son sein qu’ils s’expriment, elle est même la condition de leur expression.
Avec Khoo, on est vraiment dans le cinéma (très réussi) de la faillite.


Mee Pok Man

Mais le mieux reste encore de voir les films pour se faire sa propre idée sur la question. N’hésitez pas à vous servir des commentaires pour partager votre avis sur les films.

Pour ma part, j’ai vraiment été très touché par ce doux mélange entre l’acide de la photographie digne des premiers Wong Kar Wai (et puis le perso principal de Mee Pok Man rappelle beaucoup le muet de « Fallen Angel ») et le côté plus chaleureux (la compassion du réalisateur pour ces personnages ? ) qui m’a d’avantage fait pensé aux univers plus lumineux (lumière naturel j’entends) de Jia Zhang Ke voire d’Almodovar (Parle avec elle).

Et si jamais vous aimez Eric Khoo, sachez qu’il existe un tout petit groupe sur Facebook.

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