Tu marches dans une rue
Plus tu avances et plus la rue s’allonge
Elle est vide
Il commence à pleuvoir
Tu ne sens pas les gouttes tomber contre ta peau
Tu ne sais pas quels habits tu portes
En fait tu ne sais même pas si tu en as, là sur toi, des habits.
L’averse bat son plein
Tu avances au milieu d’une rue déserte
Aucun bruit de moteur ne vient "entrecouvrir" le chant de la pluie
Aucun phare, aucune lueur ne perce le manteau de l’averse.
Tu es désespérement seul à suivre la route
Tu ne sais pas où tu vas, tu avances, tu marches à allure régulière
Tu penses que tes vêtements, si tu en avais, devraient déjà être trempés
Tu le penses mais tu ne sens toujours rien.
Tu avances et tu imagines ton souffle s’échapper de ta bouche.
Ce doit être le mois de mai
Tu sens la moiteur des jours fériés qu’accompagne le parfum du muguet
Tu aurais une poche et dans cette poche un briquet avec lequel tu jouerais
Impossible de l’allumer avec toute cette eau.
Les vitrines des magasins sont toutes éteintes.
Tu avances dans une rue qui n’a de cesse de s’allonger et tu constates que malgré tes efforts
Tu ne parviens pas à réellement avancer
Tu es toujours au même niveau
La distance qu’il te reste à parcourir pour sortir de la rue s’alllonge à chacun de tes pas
Tu sens dans ton cœur quelque chose comme de la tristesse
Une légère tristesse,
Douce
Teintée de nostalgie,
Coupée à la mélancolie
Agréable au fond
Avec un soupçon de peur
Tu te demandes ce qui se cache derrière les fenêtres éteintes des immeubles
Qui surplombent
La rue vide
Où tu marches
Avec la main enfoncée dans la poche d’un pantalon que tu n’es pas sûr de réellement porter
A jouer avec un briquet qui s’il existe, est inallumable car trop mouillé
Puis tout à coup
Une grosse goutte tombe sur ton visage
Et tu sens
Sans explication
La fraîcheur
Faire tressaillir ta peau
Tes machoires se contractent
Tes yeux se plissent
Pendant un instant tu es convaincu que la rue
Va reprendre son activité normale
Tu fermes les paupières et entends le fourmillement de la foule
Puis les rouvres
Juste le chant de la pluie
Par terre et sur les toits
Ton pied s’enfonce dans une flaque d’eau
Ta cheville, ton genou, toute ta jambe
Ton corps entier
Ta tête glisse dans la flaque
Tu te noies
En silence
Te débats tranquillement et
Quand tu parviens enfin à t’extraire
Tu ne te souviens de rien
Plus de rien
Tu es debout
L’averse bat son plein
Tu avances au milieu d’une rue déserte
par bui