Au fil du temps
Le puits
le 13/07/2010 à 17h 19min 27s
L’épouvantail, bras écarté, se laisse picorer les yeux par les corbeaux que le soleil ne se lasse de noircir,
Le vent s’est endormi aux abords du champ où l’herbe jaunie craque.
Sur le chemin caillouteux, une ombre avance, si droite,
Qu’il est difficile d’imaginer qu’elle plie le genou,
Fière comme une ampoule dans une forêt de ténèbres,
Elle tremble avec assurance
S’avançant à pas mesurés vers cette déchirure maladroite qui perce le paysage d’un centre mystérieux :
Le puits brille de l’éclat de sa fraîcheur.
Le nœud lié entre l’ombre et le trou se dessine plus clairement maintenant que le ciel s’est vidé de ses nuages.
Elle s’empresse de glisser vers le fond de sa course,
Lève le regard une dernière fois vers la source des ombres,
Et disparaît dans le silence ennuyeux où les insectes grouillent.
Le meurtre
le 07/06/2010 à 02h 49min 28s
Le craquement sec crié dans la nuit
Râcle les tréfonds gras de l’ombre crasse
Puis cède place sans laisser de traces
Au sinistre éclat de la marre qui
Etincelle le sol des reflets lunaires.
La face collée contre la poussière,
Le cadavre d’un jeune éphèbe git,
Sous les feux mous des sirènes à venir.
Si jamais
le 18/05/2010 à 02h 26min 58s
Ces jolis yeux, si jamais
Si jamais je ne les aimais
Plus je pourrais enfin dormir
En paix. Si jamais j’osais
Oublier la nostalgie, les jours passés,
Je jurerais, heureux de râler contre les jalons
Noirs plantés dans le champ des mauvais
Souvenirs, fidélité
A ma liberté retrouvée capable
Enfin de dormir en paix.
Mais mon cœur s’accroche
Comme une herbe récalcitrante
A ces cahots d’hier qui traînent
Dans leurs sillons la mélancolie
Crasseuse des jours pluvieux.
oublier x100
le 20/03/2010 à 20h 29min 08s
Une petite expérimentation, avec jquery, en attendant le prochain texte et pour introduire un nouveau cycle sur l'oubli.
Sacs p(l)ubelles
le 01/01/1970 à 01h 00min 00s
Les genoux habillés par des sacs poubelles noirs la pluie passe à travers de petits trous s’ils ne sont pas je hêle là un taxi noire nuit parsemé des oublis de l’alcool je glisse sur le trottoir je sens dans la paume de la mienne sa main douce elle est froide je l’ai rencontré à un carrefour elle attendait de me livrer une caresse froide j’ai reçu son cœur mouillée dans le ventre ce n’est pas du tout d’être charmant sa robe rouge et son parfum il faut que l’autre aussi j’ai trop regardé sa poitrine je trouve sa robe noire dans le même taxi jolie je l’ai raccompagné sur la banquête arrière sans parapluie quand la porte claque ne m’embrasse pas la lumière des yeux près du lampadaire s’est éteinte alors je me suis re- comme hier –trouvé seul dans la nuit